lundi 5 mai 2008

Discours 1er Mai





vendredi 2 mai 2008 - Par Le Nouveau Réveil Taille des caractères


© Abidjan.net par Emma
Jeudi 1er mai 2008. Palais presidentiel d`Abidjan. Photo: Ebagnenin Joseph, 1er secretaire general adjoint de l`UGTCI : "Le panier de la menagere est devenu un sachet "
Le 1er mai commémorant la fête du Travail, fête de la victoire syndicale a été une fois de plus l'occasion pour les centrales syndicales de Côte d'Ivoire de dépeindre la vie sociale des travailleurs. L'union générale des travailleurs de Côte d'Ivoire (UGTCI), l'une des plus anciennes centrales n'a pas manqué à la règle dans un contexte social particulier que traverse la Côte d'Ivoire. M. Ebagnénin Joseph, 1er secrétaire général adjoint de l'UGTCI, face au président de la République Laurent Gbagbo, n'y est pas allé du dos de la cuillère pour dénoncer, fustiger et soumettre au chef de l'Etat les doléances des travailleurs de Côte d'Ivoire qui se résument à une amélioration des conditions de travail et à la revalorisation salariale.

(…)
Monsieur le Président de la République;
Vous auriez été des plus surpris, que les syndicalistes en pareille occasion ne vous demandent de vous appesantir sur un certain nombre de préoccupations et tracas qui les assaillent et pour lesquelles ils souhaiteraient que vous puissiez leur dire une toute simple parole, qui à tout le moins les apaise.

En voulant nous fixer un ordre de priorité, nous avons à notre corps défendant, fini par conclure que tout était urgent, voire vital, pour les nôtres.

Au titre des dossiers que nous avons eu l'honneur de vous soumettre et du privilège à nous offert lors de la dernière audience que vous avez bien voulu nous accorder en vos bureaux de la Présidence, nous évoquions entre autres préoccupations:

Dossier 1 : SICOGI

40 travailleurs représentant 24% de l'effectif de la SICOGI (entreprise d'Etat) ont fait l'objet d'un licenciement par abus d'autorité, alors qu'ils se trouvaient dans le cadre d'une grève légale pour assurer la défense de leurs intérêts professionnels et moraux.
Nous avions espéré une solution acceptable et durable, car, l'on ne pouvait sur le fait d'état d'âme, porter atteinte à la vie et à la survie des travailleurs.
Sur l'effectif des 39, nous comptons bien 19 femmes, mais mieux, nous avons un couple avec enfants à charge.
Il est plus qu'important de rappeler, qu'un inspecteur du travail relevant d'une antenne d'Abidjan, aura dans ce dossier imposé aux nôtres, le droit de la non règle, pour avoir dit à l'envers le droit du travail.
Si tout est possible, tout n'est pas pour autant permis et nous ne pourrions accepter que dans un Etat de droit comme la Côte d'Ivoire, l'on puisse s'adonner à de telles légèretés.
Ce dossier nous tient tout particulièrement à cœur, car, à l'entame de la grève, des négociations ont pu être ouvertes sous l'égide de la Direction de l'Inspection du Travail d'Abidjan, qui consignait par PV que les travailleurs devraient suspendre leur grève et que l'employeur ne pouvait faire de lock-out et donc, de procéder à des licenciements.
Nos camarades travailleurs ont obtempéré, mais la Direction Générale de la SICOGI, se refusant à déférer à l'injonction, a purement et simplement retenu de licencier.
L'affaire est d'importance capitale, car, cette injustice dont les nôtres ont fait l'objet, nous a conduit à nous rétracter jusqu'à nouvel ordre de toute participation au Dialogue Social Tripartite.
L'exemple du dialogue direct que vous avez initié, devrait inspirer bon nombre de directeurs généraux, dont la mission n'est pas de licencier, mais, promouvoir un climat social apaisé en entreprise, afin d'impulser la productivité.
Notre pays a déjà, trop de problèmes, pour que l'on en rajoute.
Nous savons pouvoir compter sur votre Autorité, Monsieur le Président de la République, pour que tout simplement les nôtres reprennent service dès la semaine prochaine, ainsi, justice sera faite. Mille et une fois merci, Monsieur le Président.

Dossier 2 : ASH International

Les travailleurs d' ASH ont eu l'avantage de gagner leur procès devant les tribunaux.
Puissent les Autorités en charge de ce dossier, reconnaître que rester devoir plus d'un milliard d'arriérés de salaires est inacceptable et qu'il faille apurer cette situation.
Offrez-nous, Monsieur le Président, votre appui, qui sans nul doute, nous permettra de ne plus revoir la plupart des Dames ex-agents de ASH International, faire la manche à tous les carrefours, car ce spectacle est bien désolant n'honore pas notre pays.

Dossier 3 : TRITURAF et LCCI

Ces deux dossiers sont d'importance et commandent que tous les acteurs à la base soient interpellés.
Une décision d'Autorité s'impose à notre pays qui se devra de reprendre la main pour permettre, tant aux producteurs de coton, aux égreneurs, qu'à l'ensemble des travailleurs de la filière de reconquérir leur marché et d'apporter leur contribution au développement de la Côte d'Ivoire.

Dossier 4 : Plantations de Toumbokro / Yamoussoukro

Des avancées ont certes été enregistrées, mais les arriérés de salaires restent une préoccupation au quotidien.
Aussi, voudrions-nous, Monsieur le Président, qu'une interpellation soit faite, afin que nous puissions enregistrer, non sans plaisir, que les arriérés de salaires auront tous été, bel et bien été apurés, pour qu'enfin, les nôtres déroulent leurs carrières respectives en toute sérénité.

Dossiers 5 et 6 : Irho Lamé et Académie Régionale des Sciences et Techniques de la Mer

Nous avions eu dans le cadre de nos derniers échanges, à vous faire part des tenants et aboutissants.
A cette occasion, une option avait été prise et nous souhaiterions que ceux que vous avez bien voulu mandater, rendent leurs conclusions.
Ainsi, pourrions-nous vider de manière définitive, lesdits dossiers.

Dans le cadre de notre cahier de doléances de 2008, nous voudrions pouvoir évoquer les points suivants:

1. De la sécurité des citoyens et des biens

Sous votre impulsion, Monsieur le Président, beaucoup aura été fait, mais ceux d'en face ne manquent aucunement pas d'imagination et les témoignages de nos journaux, sont bien plus que parlants, c'est pourquoi, nous voudrions bien vous demander, d'inviter toutes les forces de défense et de sécurité à vous dire ce dont elles ont besoin pour une lutte, des plus énergiques, contre la criminalité et tous ses effets.
L'indice sécuritaire est un indicateur de la notoriété d'un pays, qui offre donc aux investisseurs d'accepter ou de refuser de prendre un risque économique.

2. Des Droits et de l'épanouissement de la femme

Tout le monde s'accorde à reconnaître le rôle important et déterminant de la femme, dans la société.
Nous voudrions, Monsieur le Président, que l'injustice à elle faite, de notre système d'imposition, relativement à l'IGR, soit réparée, et que la promotion de la dimension genre, au titre de la nomination à des postes de responsabilité, soit effective.
S'agissant de la journée du 08 mars, qu'elles voudraient fériée,' chômée et payée, les femmes demeurent dans l'attente d'une traduction en réalité féconde, d'un souhait, cher à leur cœur.
Elles nous ont dit, Monsieur le Président, qu'elles n'ont pour l'heure pas saisi leur Capitaine et il serait à notre sens, plus qu'opportun, de placer cette journée du 08 mars, urgence signalée, car vous vous en doutez bien, leur Capitaine, est bien Madame la Première Dame.

3. De la suppression des impôts sur la pension de retraite

Après de bons et loyaux services, ne pourrait-on, aujourd'hui, admettre qu'advenu le troisième âge, les retraités ne bénéficient que d'un simple revenu qui ne suffit à couvrir leurs charges, bien plus diverses que multiples.
Aussi, voudrions-nous vous prier d'accepter, d'exonérer d'impôts, Monsieur le Président, l'ensemble des pensions de retraite, tant du secteur privé que du secteur public.

4. De l'accès au logement social.

Le logement et son équipement constituent une préoccupation majeure des ménages et les programmes immobiliers destinés aux petits et moyens revenus n'existent plus.
Relativement à la question du logement, s'est tenu le premier forum du logement social initié par les centrales syndicales UGTCI, FESACI et Dignité. Afin de vous aider à nous aider, nous proposons, la création d'un fonds du logement social assuré par les travailleurs et qui visera à favoriser l'accession au logement des petits et moyens revenus.
A ce titre, Monsieur le Président, le dossier est prêt et sera soumis à votre bienveillant examen.

5. De la Spécificité de certains corps de métiers qui nous ont sollicités, Monsieur le Président et qui ont souhaités, qu'une adresse soit faite en leurs noms.

Le Syndicat National de la Coiffure et de l'Esthétique de Côte d'Ivoire, entend revenir à l'organisation mondiale de la coiffure et remettre ainsi, notre pays au firmament du charme et de la beauté.
Le Syndicat des Inspecteurs de l'Enseignement Primaire, pour plus de mobilité, au regard de la sensibilité de l'école, voudrait être bien plus proche de leurs administrés, mais les moyens en véhicules de services font défaut, et y pourvoir, contribuerait à leur bien meilleur productivité.
Le syndicat des Travailleurs du Pétrole (SYNTEPCI), tout en se félicitant comme tous, de l'unicité à venir des caisses de l'Etat, il souhaiterait que les sociétés pétrolières en zones CNO et leurs stations services, retrouvent leurs activités. Le dépôt GESTOCI et le centre emplisseur de PETROCI se doivent à nouveau, d'être opérationnels.
D'une particularité que nous devront relever et qui, bien que n'étant pas du ressort de notre quotidien, nous interpelle. Ainsi, auront-nous en point 6: les ordures ménagères.
D'aucuns disent et ils sont nombreux, que ceux qui en ont la charge ont désormais teinté leurs vitres, au point de ne pouvoir ni voir, ni apercevoir les ordures ménagères.
Nous voudrions pour notre part proposer tout simplement que nous évitions les mesures cosmétiques et vous demander Excellence de faire initier une Opération Commando avec toutes les forces de défense et de sécurité.
Le niveau des ordures, remis à niveau de tolérance, il sera donc, beaucoup plus facile, pour les entreprises en charge d'enlever les ordures ménagères, de faire front. Abidjan doit redevenir, la perle des lagunes et nous savons que vous y tenez.

6. De la cherté de la vie

C'est bien une vérité première, les travailleurs éprouvent d'énormes difficultés pour satisfaire leurs besoins les plus élémentaires et faire donc face à leurs charges incompressibles.
Nous avions déjà dit que tout avait augmenté autour de nous et que les prix s'envolant dans les ascenseurs, nos salaires acceptables hier, n'ont pu prendre les marches des escaliers, car essoufflés par trop de chocs concomitants de fin de mois aux effets collatéraux désastreux.
Le panier de la ménagère s'étant par ailleurs mué en sachet, il est donc normal que la crise mondiale de l'alimentaire n'ait pas épargné notre pays en témoignent les manifestations que nous avons connues ces temps derniers.

Excellence, Monsieur le Président, nous voudrions vous remercier pour la promptitude avec laquelle vous avez réagi face à l'interpellation active, fusse-t-elle violente de la population, exprimant leur désarroi, devant la flambée des prix.

Les premières mesures permettant d'enrayer cette flambée, l'ont été par vos soins, ce qui aura permis de ramener à des proportions acceptables les prix de nos denrées alimentaires.
Ces mesures salutaires, que vous souhaiteriez voir dans la durée, recueillent notre soutien car, à la vérité, pour ceux des opérateurs économiques qui ne veulent ni entendre, ni comprendre, nous nous battrons pour que la chose soit.
Nous nous en voudrions d'en rajouter, mais le 1er mai nous offre, en tant que travailleurs, la palme des plus grandes indulgences de votre part, Monsieur le Président.
En effet, bien d'autres préoccupations nous accaparent, nous rendent fébriles au point d'en appeler à nouveau, à votre sens de haute prévenance et de grande magnanimité.
Nous voudrions avec votre permission, Monsieur le Président, ouvrir une toute petite parenthèse sur certaines de nos angoisses existentielles et qui s'attachent au Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG), au Salaire Minimum Agricole Garanti (SMAG) et au réajustement des salaires du privé et du public, dont les avancements sont sans effets financiers.
Nous avons dit, pour 1 'heure, réajustement de nos salaires par rapport au coût de la vie.
Il serait judicieux d'indiquer que la prime de transport sur Abidjan est passée à 25 000 F cfa par mois et que le SMIG est demeuré à 36 607 Fcfa. C'est dire que le transport, reste plus important que notre force de travail, ce qui, est une anormalité.
Le pré-forum social que nous avons tenu à Grand Bassam l'avait déjà retenu et relativement à nos appointements, vous nous avez confié, nous rappellerons et je cite: "Je n'hésiterai aucunement, à vous faire plaisir, mais quand sera venu la fin de la guerre ". Y sommes-nous ? Assurément, oui et avec vous, nous avons dit: " la guerre est finie ".
Convaincus de surcroît que vous savez mieux que quiconque qu'après le réajustement du niveau de nos salaires, une bien légère augmentation nous mettrait en phase et reprenant un double dicton bien populaire de chez nous, dirons: tant qu'à faire "en même temps est mieux, et ne faut surtout pas long ce qui est court".
Rassurez-vous Monsieur le Président, nous ne serions que tout aise, si vous veniez à nous dire, ce tout petit oui, que nous attendons et qui, nous l'espérons, sera de la charnière de l'adresse magistrale que vous avez retenue de nous faire en ce jour.
Les travailleurs ici présents, par leurs chaleureux applaudissements, vous disent par anticipation, mille et une fois merci, pour le déblocage, le réajustement, l'augmentation des salaires et avancements de la Fonction Publique.
Merci encore une fois pour toutes les directives que vous voudrez bien donner au regard de notre spécificité à l'ensemble des employeurs du secteur privé, pour le réajustement et la révision à la hausse du SMIG, du SMAG et du barème de nos salaires, qui seront, désormais à la mesure de nos attentes et de nos espérances.
Excellence, je me dois de rappeler que les travailleurs vous ont adressé au terme du meeting une motion spéciale de remerciements, sensibles qu'ils sont à toutes les actions et gestes de générosité que vous n'avez cessé de témoigner aux Centrales Syndicales, dans leur fonctionnement.

En terminant, je voudrais au nom du camarade Secrétaire Général ADE MENSAH et en celui de notre Comité Exécutif affirmer que notre adresse vous a été transmise avec l'émotion et la hauteur des nobles sentiments qui nous habitent.

Que Dieu vous bénisse, qu'il bénisse Monsieur le Premier Ministre et protège Notre Cher Beau Pays.

Je vous remercie!

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